[Concours B&B] Renart

CHANSON DES ORIGINES - Chapitre XVI

Peu de temps après qu'HYRKUL ait fondé la Cité de BRAKMAR (baptisée ainsi en raison de la joie apparente de son fondateur, dont chacun avait pu témoigner ce jour là), c'est une large partie du monde connu qui se rendait au joug d'un nouvel Empire, tandis que les régions avoisinantes, soumises à la corruption qui en émanait, se changeaient en landes arides et dangereuses, à la faune et à la végétation assoiffée de sang.

Les contrées plus éloignées n'en demeurèrent pas non plus inchangées : monstres et créatures sauvages y pullulèrent plus que jamais ! Les bouftous perdaient l'appétit, les tofus apeurés se cachaient dans les bottes de foin... la terreur, partout, étendait son règne !

Partout ?

Non, un petit village résistait encore et toujours à l'envahisseur, vaillamment guidé dans son combat par l'invincible bras de JIVA, son bien-aimé Chef de la garde, soutenu dans ses remarquables efforts par les soins et potions magiques de son fidèle guérisseur, Sédlabone, et de sa charmante assistante, Goutzix.

Oui, AMAKNA résistait toujours.

Mais pour combien de temps ?

Le clairvoyant Jiva savait pertinemment que la défaite, tôt ou tard, souillerait l'étendard de la petite nation, et que si son courage lui permettait de repousser les assauts de l'extérieur, il lui serait de peu de secours face à la ruse des ennemis naissant quotidiennement en son sein, dans les rues d'Amakna, à travers ses champs et ses collines.

Il ne reconnaissait déjà plus la verte campagne où batifolaient jadis petits garçons et petites filles avec une légèreté puérile : tout désormais, lui renvoyait l'image de la guerre et de la corruption brâkmaroise...

Le regard des pissenlits dont il se plaisait jadis à souffler la fleur naissante avait quelque chose de diabolique ; les roses arboraient un sourire carnassier et démoniaque ; les tournesols, s'ils paraissaient inchangés, à bien y regarder, ne suivaient plus la course du soleil mais le dos des promeneurs, impatients d'y planter leurs feuilles griffues.

Il faudrait désormais se méfier de tout.

Et c'est ainsi qu'au crépuscule de la veille du jour, désormais célèbre, où il allait donner corps à la décision salvatrice qu'il avait prise la veille au soir, Jiva, en compagnie de Sédlabone et de Goutzix, fit son baluchon et prit la direction du nord-ouest.

Dans son sillage, il emmenait avec lui amis et parents.

Tous, sans exception, avaient le c½ur pur, et la malice la plus infâme, ils étaient en droit de le croire, ne saurait jamais y pénétrer.

Car c'est à cette seule condition qu'ils avaient été autorisés à suivre leur héros.

Voici ce que Jiva avait en tête : puisque Amakna était condamnée à tomber d'une manière ou d'une autre, que ce soit du fait d'un ennemi intérieur, ou de celui qui s'étendait à ses portes, la seule alternative lui avait paru être une fuite déguisée dont le véritable but serait la création d'une cité immaculée et nouvelle, bénie entre toutes, où l'on pourrait s'assurer que jamais le mal ne prendrait racine.

Et c'est fort d'un espoir retrouvé que la troupe se mit en marche à travers les plaines de Cania, de l'autre côté desquelles fut fondée la Cité de Bonta, nommée ainsi parce que, si Jiva avait tout d'un grand guerrier, il faut reconnaître qu'il manquait un peu d'imagination.

Dans un premier temps, son projet se déroula comme prévu, et Bonta se développa rapidement dans tous les domaines.

Le mal y était absent, et l'aura rayonnante de la Cité blanche suffit à le repousser des terres les plus proches, tant et si bien que sa bienveillante chaleur alla même jusqu'à chatouiller les murs de Brâkmar, sa jumelle maudite.

Hyrkul y célébrait alors, pour la énième fois, sa future conquête d'Amakna, habituelle réjouissance avant la grande bataille " finale " du lendemain.

Suite à un discours mémorable où il avait exhorté ses convives à la haine et au péché, non sans avoir mis à mort quelques esclaves (comme ça, pour le fun, ou peut-être pour rassurer tout le monde : c'était bien lui le plus méchant !) Hyrkul leva son verre bien haut, tout d'abord au frontibus, puis au mentibus sans oublier le nazibus, en une cérémonie démoniaque et satanique bien connu de tous les Brâkmarois, et entreprit de vider d'un trait sa décoction de sang de lézard aromatisée vodka... mais c'est un hurlement de douleur qui fit place au rot traditionnel du chef tandis que le gobelet d'Hyrkul roulait à terre, déversant sur le carrelage noir son contenu inattendu et cristallin : de l'eau, de l'eau pure !

On fit décapiter tous les serveurs, écarteler les cuisiniers, fouetter Joe (le barman), et tous les gardes brâkmarois furent mis à l'½uvre pour tenter de retrouver le coupable de cette horrible tentative d'empoisonnement à l'encontre de leur Chef détesté.

C'est un alchimiste de renom qui trouva la réponse à cette énigme et qui désigna Bonta comme seule origine du méfait.

Hyrkul ouvrit alors les yeux sur une situation économique et écologique qu'un changement de ministre trop fréquent - et ce pour cause de morts violentes - l'avait empêcher de réaliser jusqu'alors : le " Bien " avait franchi les frontières de son puissant Royaume, et quoi que sa vibration demeurât faible, il était là à polluer ses récoltes et à changer son alcool en eau pur.

" - Comment allons nous faire pour être les plus méchants si on peut plus se soûler?
- J'aimerai bien frapper ma femme et battre mes enfants, mais sans alcool, la fête est moins folle...
- Jolie bouteille, sacrée bouteille...
- L'alcool est mère de tous les vices. Sans alcool, pas de vice. Sans vice, Djaul va faire la gueule..."

Le crachât venimeux d'Hyrkul fit fondre le bois de la table tout en mettant fin aux bavardages futiles d'hommes de mains mal avisés.

Lui n'avait pas besoin d'alcool pour être méchant, et toutes ces plaintes courtisanes lui chauffaient les oreilles tandis qu'il constatait avec amertume le cinglant affront qui venait d'être fait à la puissance de Djaul, et qu'il n'avait su empêcher.

Il leva les bras au ciel dans un mouvement lent et impérieux... les lambeaux de sa large cape s'étendaient tout autour de lui et, durant de pesantes secondes, tous les regards semblèrent accrochés à ses doigts longs et tortueux, écartés dans la tourmente glaciale qui venait, comme par malédiction, d'envelopper la salle...

Soudain, d'une voix grave et ténébreuse, Hyrkul déclara :

" Prout ! "

Djaul merci, il n'avait pas perdu le sens de l'humour !

Mais à peine la foule eut-elle le temps de s'esclaffer qu'Hyrkul la fit taire aussitôt:

" SILENCE ! Bandes de kolérats impétueux... je n'ai pas fini ! ", ses ongles noirs et crochus menaçaient de griffer l'air à tout instant.
" Ce jour est historique car solennellement, ici même et devant vous, tas de racaille puante, je fais le serment au nom de Djaul, de rayer de la carte cette ville qui porte le nom ridicule de Bonta ! "

En arrière plan, l'esclave soulevant une pancarte où étaient inscrite les lettres " A.P.P.L.A.U.S.E. " à l'encre de sang, fit comprendre à l'aimable assistance que le discours du Maître était fini, et chacun péta et rota de mauvais coeur en guise d'applaudissement et comme c'était la coutume dans cette terre de luxure et de vice qu'était la hideuse Cité de Brâkmar.

Puis, tous, ils lacèrent leurs heaumes, équipèrent leurs épées, et giflèrent leurs enfants avant de partir à la bataille, comme tous les jours... la très importante annonce de leur Chef mal-aimé n'allait, en définitive, pas perturber grandement leur quotidien.

Le lendemain matin, c'est une vision d'horreur que la brume, une fois dissipée, dévoila aux yeux de la sentinelle bontarienne : des hordes de soldats en armes, de brutes, de chiens de guerre, recouvraient les plaines de Cania !

Mais le calme de Jiva répondit à la panique de ses concitoyens :

" Ne cédez pas à la peur amis, car c'est elle la première qui nous ouvre la voie du côté obscur... Videz le doute de votre esprit : le côté obscur n'est pas le plus fort ! Plus facile, sans doute. Plus rapide... alors ça c'est sur : voyez, ils ont traversé les landes de Sidimotes et les plaines de Cania en quelques heures et moi je suis toujours en pyjama ! Allons ! Aux armes ! Aux armes ! "

Et avec bravoure, ce cri de ralliement fut repris par tout un peuple au c½ur bon et pur... mais pas pacifique, faut pas abuser.

Les combats mémorables, qui allaient se dérouler ce jour-là ne connurent ni vainqueur ni vaincu.

Si bien que les deux camps tombèrent d'accord pour jouer la revanche le lendemain, et ainsi de suite jusqu'à notre époque.

Sauvé des foudres de ses voisins, tranquillement perdue dans ses vallons de verdure, Amakna existait toujours, éternel témoin d'une guerre qui ne connaîtrait jamais de fin.

Hymne de Bonta

Concitoyens de la blancheur !
Anges de marbre ou de papier !
Contre la foule des pêcheurs
levons nos bras immaculés !

La pureté n'est pas un don
qui se transmet de père en fils :
chacun fait le choix d'être bon...
...ou de mourir en sacrifice !

Qu'on se le dise, il n'est pour nous
rien de plus sacré que la vie.
Mais... si vous gênez nos bouftous,
nous vous massacrons à l'envie!

L'amour, toujours, guide nos pas.
Dans nos esprits règne la paix.
Mais ceux qui contrarient Bonta...
...ils finiront tous étripés !

Bonta ! Bonta ! Bon ! T'as bon !

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