[Concours B&B] Vole-Esprit

La légende des deux cités

Au commencement étaient les Amakniens. Ils vivaient tranquillement : il pêchaient, chassaient, fauchaient les blés et exterminaient joyeusement les monstres de cette belle contrée qu'est l'Amakna. Des Amakniens simples, se soûlant innocemment à la taverne, et se défiant mutuellement en combat singulier, ou même en mulle-ty (du nom de la célèbre Eniripsa qui parvint à engager huit combattants dans une mêlée fantastique).
La légende raconte qu'en des temps si lointains que même les immortels ne s'en souviennent pas, les Amakniens furent confrontés à l'Ennemi.

L'Ennemi arriva un beau matin. Et partout où il attaqua, ce ne fut que mort et désolation. Les maisons brûlaient, et les corps des victimes, tantôt lacérés avec rage, tantôt torturés avec un art évident, laissaient les Amakniens perplexes... Etait-ce un monstre égaré ou une horde de hors-la-loi venus du Nord ? Nul ne le savait, car l'Ennemi ne laissait aucun survivant.

Certains prétendaient que l'Ennemi était un fléau envoyé par les dieux, et qu'il fallait le subir stoïquement, mais ils furent vite mis à l'écart. Les Amakniens ne comptaient pas se laisser exterminer sans rien faire. L'Ennemi attaquait n'importe où, n'importe quand : comment se défendre contre une telle menace ??

Alors, les Amakniens formèrent deux armées : une qui patrouillerait le jour, et qui interdirait l'accès Nord d'Amakna à l'Ennemi ; et les guerriers du Sud, qui seraient de garde la nuit. Les volontaires désirant défendre leur peuple étaient nombreux, et très vite les Amakniens furent protégés par plus de six mille soldats.

On construisit deux casernes, celle du Nord portant le nom de Zoss-ouane, et celle du Sud Zi-ozeur (ce qui, dans un très ancien langage, pourrait se traduire par "les uns" et "les autres").

Dès l'aube, Zoss-ouane s'éveillait, et ses guerriers parcouraient la lande, traquant sans relâche l'Ennemi. Et au crépuscule, les fantassins de Zi-ozeur se mettaient en marche vers le Nord, laissant derrière eux un fort en pleine effervescence.

Il suffisait aux détachements de patrouiller dans les rues d'Amakna, pour que les attaques cessent, mais les soldats sentaient sa présence : un nuage de poussière au loin, une branche qui craque à quelques mètres d'eux...

Et quand le sentiment de sûreté s'installait, dominait la fatigue et l'angoisse, quand les patrouilleurs étaient sur le point de se détendre, alors un petit ricanement ignoble résonnait autour d'eux. Ceux qui essayaient de s'enfoncer dans la forêt pour en trouver l'origine ne revenaient jamais vivants : on retrouvait leurs corps pendus aux remparts des baraquements, sans que les gardes puissent l'expliquer.

Les défenseurs souffraient beaucoup des horreurs commises à ceux qui s'approchaient trop près de l'Ennemi. Mais les citoyens n'étaient plus visés. Les deux casernes avaient parfaitement accompli leur rôle.

Jusqu'à un soir.

Un soir où l'Ennemi attaqua au moment propice : quand les deux armées échangeaient leur poste.

Le Village, principale commune d'Amakna fut rasé. Il ne restait plus rien, seulement un monticule de cendres, s'élevant aussi haut que la plus haute des maisons. Les guerriers arrivèrent trop tard. Ils contemplaient l'horreur grise sans oser comprendre. La lumière déclinante du soir la faisait paraître telle une montagne, une chose absurde leur montrant qu'ils avaient tort, qu'ils n'étaient pas plus forts que lui, l'Ennemi. Ces cendres, seuls témoins de son œuvre de destruction, semblaient les narguer, se moquant de leur inutilité.

Certains gravissaient la colline en hurlant le nom de leur femme, leurs enfants ou leurs parents. Les autres, effondrés, pleuraient leur rage et leur impuissance. Un d'eux murmura avec amertume :

- Si seulement ceux de Zi-ozeur avaient été là...

Un habitant du Sud lui rendit un regard plein de haine. Il avait perdu sa jeune femme dans l'attaque. Ils n'avaient même pas eu le temps de profiter du bonheur de leur mariage, qui datait de la semaine passée.

Les dents serrées, il cracha au visage du guerrier qui avait parlé, et hurla :

- Et vous ! Si vous ne vous étiez pas enfuis comme des chiens peureux dès que le soleil a commencé à décliner !!

Tout autour de la montagne de cendres, les guerriers se relevaient, le regard plein de fureur et de folie.

Deux armées face-à-face. Mais un seul mot scandé des deux cotés : Vengeance.

Les insultes fusaient de toutes parts.

- Trouillards !! Vous ne patrouillez que le jour car vous avez peur de la nuit !
- Saletés de Zi-ozeur !! Vous vivez dans le crime et le mensonge, vous devenez des monstres qui craignent la lumière du jour !!

Et finalement, ce qui devait arriver arriva. Les deux armées se jetèrent l'une contre l'autre.

- A MORT ZOSS-OUANE !!
- SUS A CEUX DU SUD !!

Les guerriers étaient rouillés, car les rares combats qu'ils devaient mener n'étaient que repousser quelques brigands loin d'Amakna.

Mais la souffrance d'avoir perdu les leurs et d'avoir vu leurs illusions brisées les rendaient ivres de violence.

La bataille dura toute la nuit, puis la journée d'après. Il y eut de nombreux morts. Le soir venu, ils n'étaient plus que deux cent. Mais c'était les plus fous, persuadés que ceux d'en face portaient toute la faute sur leurs épaules. Finalement, les deux peuples se retirèrent et regagnèrent chacun leurs caserne respectives, prévoyant déjà la prochaine bataille.

Le lieutenant des soldats de Zoss-ouane, Jiva, décida immédiatement de fonder une ville, là où se tenait l'ancienne caserne. Il la nomma Bonta : la cité de la lumière et du bien.

Le chef des guerriers du Sud, qui s'appelait Djaul, choisit également de perfectionner le fort, jusqu'à le transformer en citadelle. Il la nomma Brâkmar, et chaque fois qu'on lui en demanda la raison, il répondit que pour lui cela symbolisait l'activité la plus importante qu'il soit. Certains s'interrogent encore.

Quand aux Amakniens, ceux qui n'habitaient pas au village...

Dès les premières traces de bataille, ils avaient cru à une attaque à l'Ennemi, et dès la fin du vacarme, ils se précipitèrent sur les lieux du drame. Mais sur place, il n'y avait plus qu'un gros tas de cendres. Aucune trace des habitants du centre d'Amakna, ni de corps de l'Ennemi. Les armées n'avait pas attaqué la menace dont elles étaient censées les défendre, elles n'avaient fait que se battre entre elles, rejetant la faute sur leurs anciens coéquipiers.

Les Amakniens furent terrifiés : les protecteurs à présent se détestaient, et se faisaient la guerre plutôt que de remplir leur mission originelle. Qu'allaient-ils devenir ??

Mais l'Ennemi ne revint jamais. Il semblait avoir rassasié son énorme appétit de destruction en rasant le centre d'Amakna.

Ainsi, les Amakniens coupèrent tout lien avec ceux qui autrefois étaient des voisins, des amis, ou même des parents.

Très vite, des rumeurs circulèrent, brouillant les esprits, et le silence sur le passé fut imposé aux anciens soldats. L'ignorance de la nouvelle génération permit à Djaul et Jiva de transformer l'histoire, et bientôt de faire oublier à tous qu'ils avaient étés frères, luttant contre la même menace.

Finalement, l'Ennemi avait gagné. Il avait semé la discorde et la zizanie parmi les Amakniens, les obligeant à se diviser, et à créer une guerre permanente.

Peut-être était-ce cela son réel but ? S'amuser en observant la violence d'un conflit qu'il avait lui même créé.

Hymne de Brâkmar

Notre drapeau est aux couleurs
Du sang et de la peur
Nos armes portent le blason
D'une cité, qui a pour nom...

BRAKMAR ! BRAKMAR !
Bontariens, perdez tout espoir !
BRAKMAR ! BRAKMAR !
Nous sommes votre pire cauchemar !

Peut-on rêver plus belle
Qu'une éternelle nui ?
Les ombres immortelles
D'un combat sans répit

BRAKMAR ! BRAKMAR !
Bontariens perdez tout espoir !BRAKMAR ! BRAKMAR !
Nous sommes votre pire cauchemar !

Ô notre noire capitale !
Nous allons encore faire le mal !
Et par le fil de nos épées,
Tous ces bontariens vont crever !!

Mise en musique :

L'hymne de Brâkmar chanté et joué au piano par Vole-Esprit est disponible par ici.

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