[Concours B&B] Zanarkand

Une longue nuit

Le vent hurlait dans la nuit, charriant une odeur qui allait changer le monde. Un capitaine de la milice de Bonta, de grande taille, leva la tête et huma l'air.

Il avait tout d'un humain, ou presque : sa peau était d'un beige très pale et ses yeux, d'un bleu tellement profond que l'on aurait cru pouvoir y plonger.

Soudain, un sanglier surgit de nulle part et chargea le capitaine, celui-ci battit des paupières, surpris. Douze de ses hommes étaient postés tout autour de sa position, comment était-il possible qu'une telle créature ai échappé à leur vigilance ? Le milicien esquiva la bête lancée à toute vitesse avant de lui asséner un coup d'épée en plein c½ur. Etait-ce un piège tendu par un assaillant, un de ces hommes à la peau noire et aux yeux pourpres, qui la veille, avaient attaqué la paisible citée de Bonta ? Il hésita, puis ordonna d'une voix forte :

- Dispersez-vous ! Cachez vous derrière arbres et bosquets. Arrêtez quiconque approchera ou périssez !

Autour de lui douze Bontariens dont on ne distinguait que les silhouettes s'avancèrent. Ils étaient armés de longues épées aux pommeaux incrustés de pierres blanches, et portaient des armures en fer blanc, couvertes de signes religieux.

Les Miliciens se précipitèrent vers les taillis dans le cliquetis de leur équipement. Bientôt, leur remue-ménage cessa, et le silence retomba sur la forêt.

Tapi derrière un gros arbre, le capitaine balaya les environs d'un regard attentif. Il scruta le chemin.
Un simple humain n'aurait rien distingué dans cette obscurité ; mais, pour un Bontarien exercé comme lui, la pâle lueur de la lune était aussi lumineuse que des rayons de soleil passant à travers les ramures.
Aucun détail ne lui échappait. Ses yeux distinguaient le moindre détail sans difficulté.

Il demeurait calme - une attitude habituelle, chez lui.
Il avait dégainé sa longue épée aux reflets blafards. L'arme était à la fois assez fine pour se faufiler entre deux côtes, et assez solide pour transpercer l'armure la plus dure.
Leur vue n'étant pas aussi bonne que la sienne, ses hommes progressaient à tâtons, se servant de leur épée pour sonder l'ombre devant eux, comme des aveugles se fussent servis de leur canne.

Le hululement strident d'une chouette s'éleva, brisant le silence. La tension monta d'un cran, le temps que l'oiseau s'éloignât, puis la nuit froide et silencieuse reprit ses droits et fit frissonner les miliciens. L'un d'eux posa sa botte sur une brindille. Furieux, le capitaine siffla, et tous se figèrent.

Des minutes passèrent, devenant des heures : le sanglier n'avait peut-être aucun rapport avec les assaillants de Bonta que le capitaine traquait depuis la veille.

Il s'efforça de maîtriser son impatience. Il ne laissa pas ses hommes bouger, pas même pour se réchauffer - et il ne s'accorda pas d'avantage ce luxe. Il resta derrière son arbre, ne quittant pas le sentier des yeux.

Soudain, un tintement retentit : quelque chose de dur avait heurté le sol. Des formes indistinctes apparurent dans la pénombre plus loin sur le chemin.

- Tenez vous prêts, murmura-t-il.
Son corps vibrait de la tête aux pieds. La pointe de son épée décrivait de petits cercles, seul signe de sa tension croissante. Il leur avait fallu attendre tant de temps pour en arriver là ! Ce n'était pas le moment de perdre son sang froid.
Les yeux de ses hommes brillèrent sous leurs épais sourcils blonds, les muscles se tendirent, les armes se levaient, prêtes au combat.

Deux hommes, non, ils étaient trois. Un archer aux sourcils légèrement inclinés marchait en tête, son corps était svelte mais solide comme un sabre. Dans son dos, un arc puissant taillé dans de l'if semblait-il. Deux lanciers le suivaient, leurs cheveux étaient d'un noir de jais, ils scrutaient tous-deux les alentours avec un regard glacial. Tous les trois étaient vêtus de robes aux reflets pourpres que les rayons de lune faisaient scintiller en créant un doux halo oranger.
L'archer parla à voix basse. Le capitaine ne parvint pas à entendre ce qu'il disait, mais entendit aussitôt l'homme se tenant à sa gauche répondre d'un ton autoritaire et vit les lanciers dépasser l'archer.
Désormais en retrait, celui-ci resserra nerveusement sa main sur le bois de son arc scrutant l'obscurité avec insistance.
Les trois hommes s'engagèrent sur la partie du chemin bordée par les cachettes du capitaine et de sa troupe.

Les miliciens n'osaient plus bouger, attendant le moment propice, l'assaut pouvait être lancé à tout instant.
C'est alors que le vent tourna, déstabilisant un lancier dans sa progression. Bondissant de leurs abris à l'injonction de leur chef, les miliciens se déployèrent.
Six d'entre eux, tirèrent une volée de flèches blanches sur les lanciers, dont l'un vacilla brièvement avant de s'effondrer, tandis que le second parvenait à décocher une flèche. Celle-ci atteignit l'un des soldats au niveau du ventre alors que son propriétaire se faisait décapité. Jaillissant à son tour de sa cachette, le capitaine se rua sur l'archer, faisant tournoyer son arme à deux mains et poussant un cri guttural, tétanisé, l'ennemi tenta de décocher une flèche, mais il était déjà trop tard, la lame transperçait déjà son épaule. Pétrifié de douleur, il tomba à terre. Son adversaire dégagea sa lame souillée de sang et l'achevât en lui tranchant la tête.
Un léger tintement se fit entendre alors et un médaillon roula à terre. Le capitaine, intrigué, le ramassa. Il y était écrit : " Archer de Brâkmar".

De retour à Bonta, le capitaine s'empressa de raconter les faits et de montrer le fameux insigne à ses supérieurs.
Une réunion eu lieu.
Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : Les habitants de la ville voisine qui avaient paru si honnête s n'étaient en fait que de vulgaires pillards venus se remplirent les poches dans la province d'Amakna.
Une décision fut prise, la milice de Bonta devait à tout prix chasser ces agresseurs hors du pays avant qu'ils ne ravagent la campagne et n'en chassent les habitants !

C'est ce qui marqua le commencement de l'éternelle bataille entre Bonta et Brâkmar, qui dur encore de nos jours...

Hymne de Bonta

On ne cherche pas la guerre,
Nous on veut sauver la terre
Et puis se battre à quoi bon
Ca n'apporte rien de bon.

On se battra sans répit
Terrassant tous les enn'mis
Protéger nos êtres chers
C'est ce qu'on sait le mieux faire !

Marchons en rangs resserrés,
L'ennemi ne peu passer.
Nous nous battrons jusqu'au bout
Tant qu'nous somme toujours debout !

Nous gardons la tête haute,
Car nous ne sommes pas en faute
Nous, nous défendons les lois
Et écrasons les scélérats !

On ne connais pas la peur,
Mais on a quand même un coeur.
L'amour comment vivre sans,
Vivr' sans faire couler de sang ...

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