[Concours B&B] Papi-clem

La naissance de Brakmar

Il y a bien longtemps, la puissante cité de Bonta était gouvernée par le roi Melkior XII, un roi juste, droit mais parfois très violent, tare issue des centaines d'années de mariages consanguins dans la haute aristocratie. Il avait eu de sa femme trois enfants. Le prince héritier, Balko avait hérité du caractère impulsif de son père, il était ténébreux, parfois violent, mais il était un génie dans le domaine des sciences. Les gens le craignaient, et même son père doutait de sa capacité à régner un jour. Le puîné, Ragdot, lui avait hérité de la droiture de son père voire de sa rigidité, il était dans la droite ligne des souverains de Bonta. Enfin, Kiluna, la cadette était belle comme sa mère, et son père l'adorait, surtout qu'elle était destinée à épouser le prince héritier de la cité rivale de Gisgoul, ce qui mettrait fin à des siècles de guerre larvée entre les deux citées.

Un jour à la suite de nombreuses recherches qu'il menait loin dans les contrées hostiles du sud, près du volcan Tique, Balko fit une découverte stupéfiante : en mélangeant dans certaines quantités certaines ressources, après les avoir finement broyées, il parvenait à obtenir une poudre qui explosait violemment quand on l'approchait d'une flamme. Il mit cette découverte à profit pour permettre d'envoyer de lourds projectiles avec cette poudre concentrée dans un tonneau métallique.

Fier de sa découverte, il voulut faire la démonstration de son invention devant toute la noble société de Bonta, et son père plein de fierté et d'espoir en cette nouvelle arme qui lui permettrait d'asseoir la puissance de Bonta sur le monde le lui accorda volontiers. Ce fut la première fois que Melkior considéra un peu son fils comme digne de lui succéder. Ainsi, sur la grand-place de la ville on dressa une cible en pierre, et Balko installa sa machine à l'autre bout de la place. Il alluma la mèche, et quelque seconde plus tard, une grande explosion se fit entendre mettant tout le monde à terre. Vingt secondes plus tard, la fumée fut dissipée par le vent, on vit le tonneau de métal complètement éventré et la cible complètement intact. Et encore vingt-sept secondes plus tard alors que tout le monde regardait effaré le tonneau, un boulet retombant du ciel vint s'écraser sur la pauvre Kiluna, la tuant sur le coup.

Voyant le désastre et la mort de sa fille chérie, et pensant au mariage raté avec le prince héritier de Gisgoul, Melkior fut pris d'un immense accès de rage. Balko venait de lui enlever la plus belle réussite de sa vie. Il sortit son épée de son fourreau et courut sus à son fils, qu'il tenait pour seul responsable de ce fiasco, et de surcroît en fin politicien, il savait qu'il avait là une bonne occasion de se débarrasser de ce fils qui ferait de toutes façons un très mauvais roi. Il leva son épée pour abattre son propre fils, mais arrêta son geste juste à temps, contenant sa fureur.

" Tu es la chair de ma chair, et je ne peux pas te tuer, bien que par ce que tu viens de m'enlever, tu mériterais mille fois la mort. Mais ta vue me dégoûte. Je te déshérite, tu partiras demain à jamais de Bonta, pour que je n'ai plus à supporter ta présence".

Balko, tremblant de peur, se remis néanmoins rapidement de ses émotions et répondit : " Père, dans ce fiasco, j'ai perdu au moins autant que vous, mais je ne l'ai pas fait exprès. Votre sentence, je la trouve injuste, mais je sais que vos paroles sont irrévocables. Je partirai donc, puisque c'est votre désir, mais promettez moi une chose : que toutes les personnes qui veulent partir avec moi le puissent ". Melkior, connaissant la réputation de son fils accepta sa demande, tant qu'il n'aurait plus jamais à le revoir. Mais sans le savoir, cette promesse allait se retourner contre Melkior, car Balko, loin d'être bête avait su habilement manier les mots pour que la promesse concédée par son père puisse lui nuire.

Le lendemain, à la surprise générale, Balko fit sortir de prison tous les coupe-jarret, voleurs, empoisonneuses et autres pirates que comptait la prison de Bonta, qui ne se firent pas prier quand on leur annonça que du fait de sa promesse, Melkior ne pouvait faire autre chose que de les laisser partir avec Balko. Ainsi une troupe hétéroclite de gens de mauvaises fréquentations partit en exode de Bonta à la suite de Balko le Dépossédé.

Repoussés de partout, du fait de leur réputation, totalement justifiée d'ailleurs, ils finirent par établir un campement dans les plaines désolées du Sud, près du Mont Tique que Balko connaissait bien pour y avoir souvent effectué maintes et maintes recherches de métallurgie. C'est ainsi que furent établis là les premiers contreforts de ce qui deviendraient plus tard la citadelle de Brakmar.

Des générations passèrent, et bien après la mort de Balko dont le règne fut exemplaire par rapport à ses successeurs tous plus mauvais les uns que les autres, cette histoire fut plus ou moins oubliée, les brakmariens ne se souvenant que par bribes de ce qui avaient amené là leurs ancêtres, mais dans leurs esprits, ils restaient les dépossédés, ils vivaient dans la dureté de leur pays stérile, plein de vapeurs nauséabondes, de fumées toxiques, alors que ceux qui les avaient envoyés ici vivaient dans une région riche et prospère, pleine de champs fertiles et de forets giboyeuses. C'est ainsi que l'animosité envers Bonta fut de plus en plus vive et c'est ce qui amena à faire de Brakmar et de Bonta des ennemies héréditaires, Bonta voyant Brakmar comme le plus grand repaire de bandits existant et Brakmar voyant Bonta comme le lieu abritant des gens qui leur avaient volé leurs vies. Nul ne sait qui lança la première flèche qui tua un habitant de l'autre cité, mais maintenant, cela fait des siècles qu'ils sont en guerre, et ça continuera vraisemblablement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne pour continuer le combat.

Hymne de Brakmar

Entendez vous les cris sourds des corbacks ?
Ils nous appellent pour la grande traque !
Forgeurs, voleurs, boulangers, c'est l'alarme!!
Ce soir nous noierons l'ennemi dans ses larmes !

A nos portes sonne la racaille !
Nos assassins s'en vont à la bataille.
Quittez vos établis, sortez des mines !!
Nous serons accompagnés par la Ruine.

Nous avons brisé les barreaux des prisons,
Nous ne céderons pas devant notre bastion.
La haine est toujours à nos trousse
Même ici, où plus rien ne pousse

Ici, nous n'avons pas plus que rien.
La bas, au nord il y a des gens qui dorment bien
Dans de la soie, se blottissant dans le rêve
Ici, nous, on marche, on tue, on crève.

Mais chez nous chacun fait ce qu'il veut quand il passe,
Et si un assassin tombe, un autre prendra sa place.
Ce soir les Dépossédés verseront un sang rouge sur les plaines
C'est notre liberté qui exige notre haine !

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